Pour Randy Davis, travailleur communautaire, animateur de télévision et militant du VIH - alias le militant accidentel - les premiers jours de la vie avec le VIH ont été particulièrement difficiles.

"Au début de mon diagnostic, on m'a en quelque sorte forcé la main", explique Randy Davis dans l'épisode bis du pozcast de ce mois-ci. "Il y avait une situation où, vous savez, 'soit vous révélez votre statut VIH, soit je vais le faire pour vous'."

Face à la menace d'une tierce partie, Davis a choisi de l'assumer et de partager son statut positif avec les autres membres de son entourage. "C'est mon histoire à raconter, et même si je n'étais pas encore prêt à la raconter... je voulais être sûr que c'était mon histoire."

Raisonnablement, Davis pensait à l'origine que les seules personnes à qui il aurait besoin de révéler son statut étaient celles avec lesquelles il aurait décidé d'avoir une relation sexuelle. "Les autres, ça ne les regarde pas", a-t-il dit.

Pourtant, "cela m'a mis en colère", admettant que "j'étais très naïf en ce qui concerne les lois sur la divulgation et la criminalisation du VIH, j'en savais vraiment très peu", explique M. Davis.

Parmi les nombreuses batailles que les personnes vivant avec le VIH peuvent avoir à affronter et à endurer, la criminalisation du VIH est l'une des plus insidieuses et des plus inquiétantes - elle mérite bien le genre de coups de poing en colère, comme ceux que Davis et d'autres intrépides leaders de la lutte contre le VIH donnent régulièrement.

Désuet. Non scientifique. Discriminatoire.

Les lois canadiennes concernant la non-divulgation du VIH ont un impact disproportionné sur les communautés marginalisées, en particulier les personnes LGBTQ2+ et les travailleurs du sexe. Elles découragent en outre les gens de faire le test du VIH ou de révéler leur statut, ce qui entraîne un manque d'accès aux soins et aux traitements. Cela peut avoir de graves conséquences tant pour l'individu que pour la communauté au sens large, car cela peut contribuer à la propagation du VIH.

Discriminatoires et fondées sur la désinformation et la stigmatisation, ces lois archaïques (et obscures) non seulement affectent injustement les personnes les plus vulnérables, mais elles sont inefficaces pour prévenir la transmission du VIH.

C'est là que nous inondons les rues, et que nous nous tenons devant les bureaux du gouvernement... pour exiger qu'on s'occupe d'eux. -- Randy Davis

Selon le document publié par la Coalition canadienne pour la réforme de la criminalisation du VIH (CCRHC) - une coalition nationale de personnes vivant avec le VIH, d'organisations communautaires, d'avocats, de chercheurs et d'autres - le Canada est un point chaud mondial en matière de criminalisation du VIH, ce qui, encore une fois, cause de multiples préjudices aux personnes vivant avec le VIH et nuit à une réponse efficace en matière de santé publique.

Il est clair que ces lois doivent enfin changer - pour faire place à une éducation fondée sur la science, à l'accès aux tests et aux méthodes de prévention, et au soutien des personnes vivant avec le VIH.

Les défenseurs de cette cause réclament depuis longtemps des changements juridiques. Le 20 octobre 2022, le gouvernement fédéral a lancé une consultation publique nationale sur la réforme des lois pénales canadiennes sur la non-divulgation du VIH, qu'il pourrait présenter au Parlement. Le processus de consultation se déroulera encore pendant deux semaines, jusqu'au 13 janvier 2023, et sollicite la participation de tous (voir le lien ci-dessous, "Qui peut participer ?").

Être un activiste, c'est parler. Être un défenseur, c'est écouter. La société ne peut pas avancer sans les deux. - Eva Lewis

Pour Randy Davis, changer la vie des gens demande du courage, de l'intérieur vers l'extérieur, "...il faut juste trouver la volonté politique, et si cela signifie que nous devons commencer à sortir et à parler plus franchement, et peut-être même à faire honte à certaines personnes - nous devons vraiment nous mettre en colère", implore Davis à propos de U=U dans le pozcast, et de toute action qui soutient les personnes vivant avec le VIH, et les personnes et communautés LGBTQ2+. "C'est là que nous inondons les rues, et que nous nous tenons devant les bureaux du gouvernement pour que nos soins de santé et nos demandes soient pris en compte."

De la même manière, les voix des personnes vivant avec le VIH et des organisations travaillant dans la réponse au VIH doivent être entendues par le gouvernement tout au long de ce processus de consultation sur la non-divulgation du VIH.

Qui peut participer ?

Toute personne, "ils cherchent à obtenir l'avis des 'parties prenantes et du public'", selon le CCRHC. Vous pouvez choisir de répondre à l'enquête en tant qu'individu ou en tant qu'organisation. De plus, votre participation peut être totalement anonyme.

Pour en savoir plus sur la criminalisation du VIH et sur l'enquête de consultation publique du gouvernement, consultez les changements que la Coalition recommande d'apporter à la loi, ainsi que sa plus récente déclaration de consensus communautaire. Vous pouvez également vous inscrire pour approuver les changements proposés et les partager avec les politiciens. Le site propose également des suggestions de réponses à l'enquête de consultation et des réponses aux questions fréquemment posées.

Compte tenu de la consultation imminente du gouvernement sur la non-divulgation des informations relatives au VIH, nous vous présentons un nouvel épisode du pozcast, gonflé à bloc, Le militant accidentel

Dans cet article, James Watson poursuit son exploration du leadership et de l'activisme VIH dans les épisodes précédents afin de mieux comprendre le parcours d'un activiste. Comment passe-t-on du stade où l'on marche tranquillement dans sa vie à celui où l'on découvre la puissance de sa voix et où l'on se lève pour essayer de changer le monde ? Où se situe ce moment de changement ? Quel est l'élément déclencheur ? Pour discuter de tout cela et de bien d'autres choses, James s'entretient avec le militant accidentel du VIH lui-même, Randy Davis.

En tant qu'activiste et défenseur des personnes vivant avec le VIH, Randy est un partisan fort et fier du message et du mouvement U=U. Sans peur et sans reproche, Randy partage ses expériences vécues et son authenticité avec tous ceux qui souhaitent contribuer à mettre fin à la honte et à l'ignorance qui entourent le VIH/sida.