VIH : La fin du danger de transmission
Cet article a été publié en français sur Je suis séropo le 10 juillet 2019.
Comment vivre avec le VIH en cette ère où la dangerosité est chose du passé ?
Pour les personnes vivant avec le VIH, Indétectable = Intransmissible met fin au danger de transmission – cette épée de Damoclès longtemps suspendue au-dessus de nos têtes. Nous avons certes raison de nous réjouir de cette affirmation maintenant appuyée par près de 900 organisations à travers le monde.
Mais comment intégrer “I = I” dans nos vies ? Comment accueillir le fait qu’aujourd’hui, si nous prenons un traitement tel que prescrit, nous n’avons plus à craindre de transmettre le VIH à nos partenaires ? Comment faire le deuil de notre peur de contaminer ? Comment déconstruire l’image fortement entretenue à notre égard de vecteur de transmission de la mort ?
Dans l'édition du printemps 2019 de Remaides Québec, un collectif de personnes vivant avec le VIH a signé un éditorial puissant sur ce changement de paradigme. Nous le reproduisons ici dans son intégralité.
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Le deuil de la dangerosité
Nous nous sommes longtemps senti·es rongé·es par un virus qui nous dévorait jour après jour, nous nous sommes longtemps sentis rejeté·es, sans que l’on puisse rien y faire.
Une très bonne nouvelle scientifique nous a ébranlé le cœur. Nous nous sommes perçu·es, pendant des années, comme des transmetteur·euses du sida et nous avons tenté d’apprendre à vivre avec la peur de contaminer les autres. Mais voilà que la science nous explique qu’une personne vivant avec le VIH qui maintient une charge virale indécelable (moins de 200 copies/ml de sang) ne transmet pas le VIH !
Il nous arrive encore de résister à intégrer cette découverte dans nos vies. La peur de propager le VIH rôde encore, parfois, dans nos esprits. Cette idée horrifiante a fait partie de nous pendant si longtemps qu’il nous a fallu retrouver nos repères. Pourtant, nous savons comment réagir lors de grands changements. À l’annonce du diagnostic, nous n’avons pas eu d’autre choix que de subir la perte de notre avenir. À l’arrivée des traitements antirétroviraux, nous avons fait le deuil d’une mort imminente et, aujourd’hui, nous devons mener le deuil de la dangerosité.
Une nouvelle information prend du temps à entrer dans une communauté. Pour nous aider à l’accueillir, nous mettons à l’épreuve nos croyances en nous informant. Nous refusons que des concitoyen·nes résistent aux faits et nous rêvons la nuit que toutes les personnes vivant avec le VIH ont accès à un traitement.
Avant ces nombreux bouleversements, on nous considérait comme des deuils multiples. Depuis le dernier chapitre, nous sommes devenus des spécialistes du deuil, des experts du changement. Notre résilience est à l'étude. Nous avons appris à dire oui à la vie et à nous donner la permission d'aimer. Maintenant, nous avons l'assurance que nous ne transmettrons pas le VIH... à qui que ce soit ! Et nous sommes déterminés à transmettre (dès maintenant) la bonne nouvelle.
Nous sommes conscients que le virus est toujours dans notre corps et que nous avons actuellement le dessus. Mais nous ne pouvons pas prétendre que l'objectif de maintenir une charge virale indétectable est une tâche simple. Pour certains d'entre nous, la route a été longue, et dans certains cas, impossible. À ces personnes, nous rendons hommage à leur courage et à leurs efforts.
Une mise à jour des connaissances scientifiques se présente à nous et peut bonifier la transparence, accompagner la prévention, combattre la stigmatisation et briser l’isolement. Qui oserait dire que cette découverte n’est pas bonne pour notre santé mentale et pour la santé publique ?
Nous invitons la planète à nous accompagner dans cet autre changement de paradigme.
Nous sommes des personnes vivant avec le VIH qui contribuent à l'Institut de développement du leadership positif (The Positive Leadership Development Institute, PLDI). Nous nous inspirons les uns les autres.
Nous sommes Les Indétectables.
Que signifie I=I pour vous ?
Avez-vous déjà entendu la terminologie ? Les membres de votre communauté l'utilisent-ils pour encourager d'autres discussions sur le VIH, la prévention du VIH et la stigmatisation ?
Faites-nous part de vos réflexions dans la section "Commentaires" ci-dessous.
Vous cherchez toujours à entendre d'autres conversations sur le message U=U ? Regardez ça ÉmissionPozcast avec Laurie, le directeur exécutif de CATIE, et Adrian, un activiste séropositif et directeur exécutif d'une organisation de lutte contre le sida en Ontario.