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Témoigner pour lutter contre la stigmatisation : coup de projecteur sur les campagnes de sensibilisation au Québec

13 septembre 2021
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C'est le sida qu'il faut exclure, pas les séropositifs.

 Ce billet de blogue a été initialement rédigé et publié en français.

La stigmatisation des personnes vivant avec le VIH, nous le savons bien, c’est encore le plus grand fléau de notre communauté. Alors que la science fait des pas de géant, les mentalités, elles, sont lentes au changement. Et pourtant, les organismes communautaires et les militant·es ont travaillé fort pour s’attaquer de front à ces stigmates.

Nous vous proposons ici un petit voyage dans le temps pour tourner les projecteurs sur la fabuleuse aventure de plusieurs campagnes de sensibilisations de la Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida (COCQ-SIDA), sous le slogan : « c’est le sida qu’il faut exclure, pas les séropositifs ».

2010, le lancement de l’aventure

Faisons un bon de 11 ans en arrière, au lancement de la première campagne de cette initiative, le 1er décembre 2010, pour la journée mondiale de lutte contre le sida qui avait pour thème « Objectif zéro : zéro nouvelle infection, zéro discrimination, zéro décès lié au sida ». D’ailleurs, si on nous avait dit que c’était le thème en 2021, nous y aurions cru, tellement peu de choses ont changé en lien avec la discrimination. Toutefois, au Québec, les choses ont beaucoup évolué en ce qui concerne la santé des personnes et le nombre d’infections. Nous avons quand même eu quelques victoires.

Alors en 2010, la campagne « c'est le sida qu'il faut exclure, pas les séropositifs » est animée par la volonté de modifier les perceptions sociales, la COCQ-SIDA avait alors mobilisé des personnalités québécoises pour porter un message de tolérance et de respect. Présentée en grande première nord-américaine, cette initiative s’articulait visuellement autour de portraits de quatre personnalités très connues au Québec, Véronique Cloutier, Josée Lavigueur, Mario Dumont et Chantal Petitclerc. En 2011, de nouvelles personnalités publiques se sont rajoutées, Michelle Blanc, Alexandre Despaties, Alexandra Diaz, Marie-Soleil Michon, Mathieu Proulx.

Je suis séropositif : la parole aux personnes vivant avec le VIH

En 2012, c’est au tour des personnes vivant avec le VIH de prendre le micro pour affirmer publiquement que « c’est le sida qu’il faut exclure, pas les séropositifs ».

La campagne Je suis séropositif s’articule autour de portraits de personnes vivant avec le VIH, provenant de différents milieux et régions du Québec et vise à mettre en évidence, qu’au-delà du VIH, les personnes séropositives sont comme tout un chacun, avec des intérêts, des aptitudes et des talents. Cette campagne axée sur le témoignage a connu un fort succès médiatique et a été, en soi, la première campagne du genre à être lancée au Québec.

Un espace d’expression en ligne

Ces campagnes de sensibilisation ont donné lieu à la création d’une communauté et d’un espace d’expression en ligne : jesuisseropo.org. Depuis 2011 des personnes vivant avec le VIH et des allié·es alimentent cet espace en publiant des témoignages écrits et vidéos. Lancée par cinq porte-parole bien connu·es de notre communauté, Bruno, Donald, Emelyne, Jacques et Yves, aujourd’hui la communauté compte 14 membres.

La dernière recrue de cette belle communauté est l’éloquente militante Doris Peltier, une femme de la nation Anishnabe. Doris est une mère, une grand-mère et une arrière-grand-mère. Elle s’est investie dans le mouvement autochtone de lutte contre le VIH depuis plusieurs décennies. L’Université d’Ottawa vient d’ailleurs de lui décerner un doctorat honorifique pour ses nombreuses contributions à la recherche en santé communautaire autochtone. Elle a accepté de joindre sa voix à celles des autres porte-parole de la communauté Je suis séropo pour affirmer que « c’est le sida qu’il faut exclure, pas les séropositifs ».

On a encore du travail à faire pour réduire et éliminer la stigmatisation, toutefois l’engagement de nos communautés est un signe d’espoir. Tant et aussi longtemps que nous portons nos voix, nous allons de l’avant vers le changement.

 

Ce billet de blogue a été rédigé par Charlotte Guerlotté et René Légaré, respectivement coordonnatrice de la recherche communautaire et coordonnateur des communications à la COCQ-SIDA, l'organisme en charge de REACH Nexus au Québec.

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