Faits et perspectives

Femmes noires et épidémie d'épuisement professionnel : relier adaptation, résilience et travail avec de l'attention à 360°(4ème partie)

25 novembre 2021
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Bienvenue dans ce quatrième article de notre série "Femmes noires et épidémie d'épuisement professionnel". Dans les billets précédents, nous vous avons d'abord présenté le concept d'épuisement professionnel et la manière dont il affecte les femmes africaines, caribéennes et noires (ACN) de manière spécifique, puis dans le deuxième billet, j'ai parlé de mes expériences personnelles. Dans le troisième article, nous avons examiné le contexte historique et ses implications contemporaines. Nous vous suggérons de lire ces trois articles avant de poursuivre avec la quatrième partie.

Parlons du mot en "R":... Résilience. J'ai l'impression qu'en tant que femme ACN, ce mot a été utilisé contre moi pour faire taire la douleur qui a accompagné certaines de mes expériences dans le monde, en particulier dans le milieu universitaire et professionnel. Je sais que je ne suis pas la seule. La résilience des femmes ACN est souvent liée au cliché de la femme noire forte/superwoman dont nous avons parlé dans la troisième partie de cette série de billets de blogue (la Nounou, la Mama). La société semble recourir à ce terme pour dire que les femmes ACN peuvent facilement s'adapter et se remettre de n'importe quel obstacle qui se présente face à elles, simplement parce qu'elles sont résilientes. C'est presque comme si on nous disait "Soyez résilientes. rétablissez-vous. Adaptez-vous. Survivez... (et on continue)", comme si c'était une réponse simple à (ce que le monde considère comme) notre problème simple.

Soyez résilientes. Rétablissez-vous. Adaptez-vous. Survivez.

Je veux me réapproprier ce mot. Je crois fermement qu'au milieu de nos traumatismes, nous devrions chercher à passer de la simple adaptation ou gestion des événements stressants et des expériences négatives à un état de résilience, ce qui implique souvent de s'adapter à ces événements et de s'en remettre.

Because She Cares : Passer de l'état de résilience à celui d'une attention à 360°

J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec la fondatrice de Because She Cares (BSC), Lori Chambers, au sujet des résultats de l'étude originale Because She Cares et elle avait beaucoup à dire sur la rectification de certaines terminologies liées à la résilience. Au lieu de résilience, tout au long de son travail avec Because She Cares, Lori utilise le terme "care-full", (attention à 360°) qui se rapporte à la fois à la collecte des ressources nécessaires pour soutenir le bien-être mental, physique, psychologique et social. L'utilisation du terme "care-full" reconnaît également la nature prudente de la recherche de soins lorsqu'on travaille dans le secteur des services liés au VIH en tant que personnes vivant avec le VIH ET travaillant dans ce domaine.

Dans les conclusions originales de BSC, le travail avec de l'attention à 360° est défini comme "la création d'un environnement de travail attentif, ou des processus qui créent ou favorisent un lieu de travail qui prend soin des femmes ACN vivant avec le VIH".

Ces processus peuvent être :

  • personnels (c'est-à-dire l'auto-prise en charge) ;
  • interpersonnels (par exemple, les activités de soutien menées par des collègues de travail ou des membres de la communauté) ;
  • organisationnels (par exemple, en introduisant des aides ou des aménagements sur le lieu de travail) ;
  • institutionnels (par exemple, en s'attaquant aux préjugés inconscients ou aux pratiques discriminatoires qui sont ancrés ou promulgués dans le travail des services VIH) ; ou
  • structurels (par exemple, plaider pour éliminer les obstacles structurels qui entravent la santé et le bien-être des femmes ACN séropositives qui travaillent dans des organismes de lutte contre le sida et des organisations connexes).

Certains thèmes communs sont apparus dans de nombreux récits des narratrices de BSC, comme le fait d'obtenir le soutien de personnes ayant vécu des expériences similaires aux leurs (par exemple, leurs "sœurs" ou d'autres femmes racialisées vivant avec le VIH qui travaillaient dans le secteur), ou la création de systèmes de soins communautaires parmi les personnes qui reconnaissaient leurs expériences uniques de travail dans le domaine du VIH en tant que femmes noires racialisées.

Un autre fil narratif commun dans Because She Cares était la référence au passé "chez nous", une époque où les femmes se sentaient soutenues dans leur travail lié au VIH en tant que personnes vivant avec le VIH. De retour chez elles, les femmes s'engageaient dans le militantisme de base, jouaient le rôle de mentors communautaires, étaient entourées de leur famille (par l'amour ou le sang) et trouvaient un but à leur travail, que ce soit dans le cadre ou en dehors des services liés au VIH. La question qui demeure est la suivante : comment ces formes d'attentions "de retour chez soi" peuvent-elles être réalisées dans le cadre du travail au Canada, aujourd'hui ?

Dans les récits des narratrices, le travail avec de l'attention à 360° a émergé en présence d'autres personnes ; l'attention était collectiive, interactive et était une activité réciproque. Par exemple :

  • des personnes se sont réunies pour fournir des soins instrumentaux à d'autres membres de la communauté (par exemple, organiser des funérailles, s'occuper collectivement d'une personne malade, collecter des fonds pour des personnes en situation financière précaire) ;
  • des personnes ont fourni des formes informelles de mentorat pour soutenir l'emploi formel d'une personne ;
  • des personnes engagées dans des actions de plaidoyer et d'activisme au niveau local et transnational, et connectées avec des co-activistes en qui elles ont confiance pour mettre en œuvre des efforts, et ;
  • des gens ont organisé et accueilli des réunions communautaires pour répondre aux préoccupations de la communauté (par exemple, le décès d'un leader de la communauté pour faire un deuil collectif, répondre aux préoccupations du lieu de travail qui ont des implications plus larges).

Au fur et à mesure que nous apprenons des expériences des autres, nous nous éloignons des termes qui font peser sur l'individu la responsabilité de s'adapter à des situations défavorables ou de s'épanouir malgré elles, et nous faisons plutôt un effort collectif pour nous assurer que nous mettons l'accent sur le bien-être des femmes ACN. Ensemble, nous pouvons créer des environnements dans lesquels la santé mentale des femmes ACN n'est pas en danger. Au lieu de se sentir épuisées, les femmes ACN se sentent régénérées, redynamisée et prêtes à incarner le changement dont nos communautés ont besoin.

Dans le dernier article de cette série, j'aborderai les contextes historiques des femmes ACN dans le rôle d'aidant, le coût actuel de la fourniture de cette attention et les expériences d'épuisement pendant COVID-19. Restez à l'écoute sur L'Effet Positif.

Ce billet de blogue a été rédigé par Teresa Bennett, une étudiante-chercheuse associée à REACH Nexus. Teresa est titulaire d'un baccalauréat spécialisé (Hons. BSc) en sciences (sciences de la santé) de l'Université Wilfrid Laurier.

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